Samya Baka

Employée de l'association Oullins Entraide depuis 20 ans, Samya Baka œuvre au quotidien pour prendre soin des autres.

"Après tant d'années au service des autres et quelques drames personnels, je n'ai plus peur de la mort. Mais je suis souvent peinée de la manière dont elle arrive."

 

Pouvez-vous vous présenter ?
Native d'Alger, après avoir suivi des études supérieures à Oran, j’ai travaillé quelques temps à l’aéroport Senia, en tant qu’agent  de contrôle aérien, plus communément appelé aiguilleur du ciel. Puis j’ai dû m’occuper de ma maman qui est décédée très jeune. C’est probablement
à cette occasion que j’ai développé ma fibre sociale, bien avant même d’avoir des enfants.
Aujourd’hui, je suis la mère comblée de jumelles de 28 ans et un garçon de 25 ans et cela va faire 20 ans que je travaille pour l’association Oullins Entr’aide. Au départ, j’ai commencé en tant qu’aide à domicile, puis j’ai passé mon diplôme d’état d’auxiliaire de vie sociale en 2015, et je suis désormais membre du comité social et économique de l’association, tout en assurant du tutorat auprès des nouvelles recrues.


Comment se déroule une journée-type ?

En général, nous démarrons nos journées à 7h30. Nous sommes toujours en binôme avec une aide-soignante ou une infirmière pour les soins de santé et les toilettes et nous intervenons ensuite seules pour l’entretien des lieux ou la préparation du petit déjeuner. La prise en charge est parfois plus importante pour les personnes alitées par exemple. Véritable couteaux suisses,
nous assurons, en plus des soins d’hygiène et de ménage, de petits travaux de bricolage et d’entretien de la maison, surtout lors des interventions programmées les aprèsmidi. Nous prenons le temps de leur faire quelques courses, quelques petites réparations et nous les aidons également, si besoin, dans leurs démarches administratives. Nous faisons un métier 3 ou 4 en 1 : en plus d’être auxiliaire, nous jouons, tour à tour, le rôle de médecin, d’infirmière ou de psy, en faisant comme si notre patient était un membre de notre famille mais sans jamais oublier qu’il n’en est pas un. Il nous faut agir à la fois professionnellement et humainement, savoir parler, trouver les mots, convaincre... La communication est essentielle. Il me semble que trois qualités
sont indispensables pour faire ce métier : le savoir-faire, le savoir-être et le savoir-vivre. Avec ces trois vertus, on peut avancer.


Qu'est ce qui vous plaît dans ce métier ?

C’est un métier qui est et qui restera toujours humain. Quel plaisir de voir la joie des gens chez qui nous intervenons lorsque nous arrivons ou nous repartons. Certains nous guettent à la fenêtre, d’autres nous raccompagnent d’un signe de la main. On illumine leur journée. Des véritables liens se tissent. On le voit aussi quand nous ne pouvons pas intervenir comme d’ordinaire pour cause de vacances ou de maladies ; nos bénéficiaires sont perturbés par ces changements. Mais notre métier manque vraiment de reconnaissance de la part de la société en général et trop souvent des familles des personnes dont nous avons la charge. Nous ne demandons pas grandchose, juste un petit mot d’encouragement, un merci… alors que certains ne trouvent rien de mieux à faire que de nous traiter de « bonnes ». L’aide à domicile est pourtant tout aussi qualifiée ou professionnelle qu’une aide-soignante ou une infirmière. Avec la population vieillissante, des gens qui vont de plus en plus mal moralement, des liens familiaux et sociaux sont souvent coupés… nous allons de plus en plus être sollicitées et les proches de nos bénéficiaires devraient poser un regard bienveillant sur notre travail plutôt que de nous dénigrer. Votre souvenir le plus marquant ? C'est probablement le décès d’une personne dans mes bras. Des larmes de chagrin se mêlaient à celles du soulagement de savoir qu’elle n’était pas partie  seule et que j’avais pu l’accompagner dans ces derniers instants. Il faut avoir de la force et du courage pour faire ce métier. Nous avons parfois des conditions de travail difficiles et il faut aussi
veiller à notre santé physique et mentale. Je repense aussi à la chaine de solidarité qui s'était mise en place lors du Covid. Nous avons gardé le cap en maintenant sans relâche nos interventions auprès des bénéficiaires. Je souhaiterais donner un prix d’excellence à mes collègues d'Oullins Entr'aide, qu'elles soient aides-soignantes, aides à domicile ou auxiliaires de vie car elles le méritent toutes !

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