Gérard Lecointe

Directeur du théâtre de la Renaissance depuis 10 ans, Gérard Lecointe prendra sa retraite à la fin de l'année, l'occasion de faire le bilan de ses années passées à Oullins.

"Il faut afficher son bonheur d'aller au théâtre"

 

Musicien de formation, comment avez-vous investi votre rôle de directeur de théâtre ?

J'ai essayé pendant 10 ans, de donner l'idée d'une maison ouverte, d'une maison pour tous, au service de la population, des artistes et de la force de notre culture. Il n'y a pas de prérequis pour rentrer au Théâtre de la Renaissance, si ce n'est de pousser la porte et d'être curieux de découvrir ce qu'il s'y passe. Contrairement au cinéma, que nous avons détourné avec les home-cinéma qui reproduisent à domicile l'ambiance des salles obscures, aller au théâtre est un acte irremplaçable. C'est la force du théâtre et du spectacle vivant plus généralement. Nou sommes dans une maison où l'on sent une joie de vivre au service des œuvres, du public et des artistes.

C'est une grande chance de travailler dans ce théâtre qui, avec ses 40 ans, a une âme que l'on ressent. C'est un théâtre qui a vécu et qui a aujourd'hui sa place et sa belle identité grâce à tous les directeurs qui se sont succédé et tous les artistes qui ont joué. Parmi eux pour n'en citer que quelques-uns : Roland Auzet, compositeur et metteur en scène connu dans le monde entier, Richard Brunel, artiste associé à l'Opéra de Lyon ou encore Jean Lacornerie lui aussi metteur en scène de renom.

Nous avons même notre fantôme qu'on a appelé Jeanjean, qui veille sur la maison et qui en connait tous les secrets !

 

Quelles sont les caractéristiques de cette dernière saison ?


Lors d'un choix de spectacle, ce qui m'importe surtout c'est le texte, qu'il soit littéraire ou musical, d'hier ou d'aujourd'hui, mais il faut absolument que le spectacle parte d'une œuvre et non pas d'idées ou d'un montage de textes. Le devoir de mémoire aussi est très important : il nous faut faire vivre des œuvres d'autrefois. C'est comme cela que l'on construit nos lendemains et notre Histoire, même si l'humanité a tendance à l'oublier ces derniers temps.

Cette nouvelle - et dernière saison pour moi - sera riche de quarante et un spectacles rassemblant concerts, théâtre contemporain et classique, comédie musicale et opéra. Comme les années précédentes, j'ai vu différentes œuvres que j'ai ensuite sélectionnées parce qu'elles correspondent à ce que j'aime présenter. Puis, j'ai équilibré mes choix entre théâtre, musique et le programmation jeune public qui est confiée à ma collaboratrice, Marie-Hélène Félix. Elle fait un travail remarquable car elle connaît bien les élèves des écoles oullinoises et plus largement de l'ensemble de la Métropole car ils sont nombreux à venir nous voir.

J'ai également tenu compte des contraintes du calendrier et des heures de travail de l'équipe qui s'implique énormément et que je salue au passage car elle est vraiment formidable.

 

Quel est votre souvenir le plus marquant de cette décennie passée au théâtre ?

Le premier sentiment qui me restera de ces années ici est la joie d'avoir écouté et accompagné tant d'artistes pour le plaisir du public. C'est assez jubilatoire d'être au contact permanent des œuvres et des artistes et c'est ce qui va le plus me marquer. Je suis très fier d'avoir dirigé ce théâtre de la Renaissance pendant 10 ans. C'est une petite structure comparée à d'autres mais c'est un superbe équipement avec ses deux salles et le Bac à traille. Pour que notre rayonnement perdure, le théâtre poursuit ses partenariats vertueux que cela soit avec la Biennale de la danse, le festival Sens interdit, l'opéra, le festival de musique contemporain Graaam, la Maison de la Danse, le Théâtre national populaire ou encore le conservatoire...La fusion avec Pierre-Bénite devrait également permettre de le consolider sur un territoire plus vaste, tout en le dotant d'un lieu supplémentaire grâce à la Maison de peuple. Cela donnera matière à réflexion pour de superbes propositions culturelles à la porte de Lyon grâce au métro. De mon côté, je suis et je resterai un musicien notamment avec la comédie musicale Women of the year que je dirige, que nous programmons cet hiver et qui sera à Avignon l'été prochain. Mais je ferai tout ça en levant le pied car j'ai besoin de prendre soin de moi.

 

 

Juillet 2023

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