Soldat des deux débarquements
Jean Thézier
À 101 ans, Jean Thézier, habitant d’Oullins-Pierre-Bénite, a reçu la Légion d’honneur ce jeudi 20 février, en marge des célébrations du 80e anniversaire de la Libération. Une cocarde rouge qui vient saluer une vie marquée par l’Histoire, deux débarquements en 1944 et une foi inébranlable en la providence.
Jean Thézier voit le jour en 1923 à Oued-Zem, au Maroc, avec une malformation aux pieds. « Je n’aurais jamais dû marcher », confie-t-il. Mais son père l’emmène à Lyon, où des interventions médicales lui permettent peu à peu de surmonter son handicap. De la marche à la course, il défie les pronostics.
Peu avant ses 20 ans, il est mobilisé et intègre les Chantiers de la jeunesse (service paramilitaire obligatoire), où il reçoit une formation en électricité. Il est ensuite affecté à Marrakech, point de réception de l’équipement militaire. Grâce à ses compétences techniques, il est chargé du matériel électrique, notamment des radios. Jean est ensuite transféré à Mers el-Kébir, près d’Oran en Algérie, en attente d’un embarquement pour l’Italie.
En février 1944, le soldat arrive à Naples avec le Corps expéditionnaire français. « C’était un champ de ruines. Il n’y avait pas un seul bateau sur la quille. On a débarqué comme on a pu », se souvient-il. Les troupes françaises participent alors à la bataille du fleuve Garigliano, sur la ligne Gustave. « Les Allemands résistaient farouchement. On tirait sur tout : avions, blindés, ravitaillement... ». Cette bataille décisive permet aux forces alliées de briser la ligne de défense allemande et de reprendre leur progression vers Rome.
MARSEILLE : LA FRANCE RETROUVÉE
Après la campagne italienne, Jean et son bataillon sont envoyés en Provence. En août 1944, il atteint Marseille. « Les Allemands ne nous attendaient pas. Nous étions la première armée française à débarquer », se rappelle-t-il. Il assiste à la libération de Lyon le 3 septembre 1944 et traverse la ville en jeep. Les troupes progressent vers l’Est, traversent l’Alsace enneigée et atteignent l’Autriche. Là, en 1945, Jean apprend que l’Allemagne a capitulé.
Après la guerre, il retourne au Maroc et travaille dans l’énergie électrique. En 1958, il revient en France, s’installe à Oullins, fait carrière à la SNCF et construit sa vie, loin du fracas des armes.